Nouvelles & Récits N°1

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Nouvelles & Récits N°1 est la suite de Nouvelles Magazine. C’est un MOOK, Magazine-Book, livre magazine et réciproquement, est publié en format poche. Il transgresse les genres avec allégresse et s’illustre…  comme un vagabondage autour des textes, des histoires qu’ils racontent.
Le numéro 1 vous offre une quinzaine de textes passionnants, des histoires courtes de genres très divers, du suspense, de l’humour, et un thème abordé sous des angles inattendus… et un beau thème central : l’attente !

Sur ce thème, écoutez ci-dessous « Le café de la gare »

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Extrait

« Le café de la gare » par Monique Gendrault

Alfredo n’est pas trop bien rangé dans sa tête. Il regarde machinalement l’heure à la montre qu’il n’a pas. A vue de nez, il pourrait dire qu’il est 6 heures 10 parce que le café de la gare ouvre à 6 heures pile. Il connaît le patron depuis longtemps, un type réglo qui ne le ferait pas attendre parce que lui, Alfredo, c’est un bon client : tous les matins, le maître de maison il lui sert un petit ballon de rouge au bout du bar avant même qu’il ait eu le temps d’ouvrir la bouche. Et chaque fois, Alfredo se dit « il est fort ce mec, il lit dans les pensées… faut quand même le faire… j’arrive et hop ! mon verre surgit de nulle part et se pose devant moi, rempli à ras bord et sans même en renverser une seule goutte… » ; il dit que ça le requinque de sa nuit passée à la belle étoile mais, ce matin, personne ne l’écoute. Il n’y avait bien que René pour lui prêter une oreille attentive et débattre avec lui de tas de sujets et pas des moindres… !

Pas plus tard qu’hier, ils avaient entamé une sacrée discussion sur l’attente. Tout ça parce que le café se trouve juste en face de la gare et que la plupart des clients n’ont de cesse d’en fixer l’horloge, le regard attiré vers elle comme une aiguille vers un aimant. Sachant que l’horloge a deux aiguilles … ! René avait bien ri… son copain n’en ratait pas une… !
Alfredo n’attend pas le train mais vérifie sa montre à chaque instant. Pourtant il sait que René ne viendra pas pour écouter ses délires imbibés d’alcool et de nostalgie. Un amalgame explosif quand on ne sait pas le manier avec douceur et René savait faire cela aussi, avec une formule magique : « calme tes ardeurs mon fils ! » clamait-il royalement, comme une tirade qu’il aurait retenue d’une pièce de théâtre. Alors Alfredo retrouvait un peu de dignité, cessait de tambouriner sur le bar en gueulant des mots impropres à la consommation, ou reposait son verre qu’il menaçait de briser sur la tête du premier venu qui le regarderait de travers. Le patron, habitué de ses frasques et de ses excès en tous genres, n’envisageait même pas la moindre réaction, tout juste avait-il un œil exaspéré, et encore il fallait bien le connaître pour le deviner.

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Extrait

« Le café de la gare » par Monique Gendrault

Alfredo n’est pas trop bien rangé dans sa tête. Il regarde machinalement l’heure à la montre qu’il n’a pas. A vue de nez, il pourrait dire qu’il est 6 heures 10 parce que le café de la gare ouvre à 6 heures pile. Il connaît le patron depuis longtemps, un type réglo qui ne le ferait pas attendre parce que lui, Alfredo, c’est un bon client : tous les matins, le maître de maison il lui sert un petit ballon de rouge au bout du bar avant même qu’il ait eu le temps d’ouvrir la bouche. Et chaque fois, Alfredo se dit « il est fort ce mec, il lit dans les pensées… faut quand même le faire… j’arrive et hop ! mon verre surgit de nulle part et se pose devant moi, rempli à ras bord et sans même en renverser une seule goutte… » ; il dit que ça le requinque de sa nuit passée à la belle étoile mais, ce matin, personne ne l’écoute. Il n’y avait bien que René pour lui prêter une oreille attentive et débattre avec lui de tas de sujets et pas des moindres… !

Pas plus tard qu’hier, ils avaient entamé une sacrée discussion sur l’attente. Tout ça parce que le café se trouve juste en face de la gare et que la plupart des clients n’ont de cesse d’en fixer l’horloge, le regard attiré vers elle comme une aiguille vers un aimant. Sachant que l’horloge a deux aiguilles … ! René avait bien ri… son copain n’en ratait pas une… !
Alfredo n’attend pas le train mais vérifie sa montre à chaque instant. Pourtant il sait que René ne viendra pas pour écouter ses délires imbibés d’alcool et de nostalgie. Un amalgame explosif quand on ne sait pas le manier avec douceur et René savait faire cela aussi, avec une formule magique : « calme tes ardeurs mon fils ! » clamait-il royalement, comme une tirade qu’il aurait retenue d’une pièce de théâtre. Alors Alfredo retrouvait un peu de dignité, cessait de tambouriner sur le bar en gueulant des mots impropres à la consommation, ou reposait son verre qu’il menaçait de briser sur la tête du premier venu qui le regarderait de travers. Le patron, habitué de ses frasques et de ses excès en tous genres, n’envisageait même pas la moindre réaction, tout juste avait-il un œil exaspéré, et encore il fallait bien le connaître pour le deviner.

Le café de la gare

par Monique Gendrault | Lu par JM Blancherie