Description
Extrait
Courbevoie, lundi 10 juin 1940.
Je m’y attendais : ce soir Hermine est dans un état effroyable. Agitée, énervée, agressive. Elle ne supporte pas de rester sans nouvelles de nos filles. Tout à l’heure elle hurlait après moi, comme si j’étais la cause de quoi que ce soit !
— Etienne ! Colette est à Caen, Mireille à Brest, son mari sur le front !Tu n’as pas l’air de t’en soucier, pas plus d’ailleurs que de ma mère dans les Deux-Sèvres ! Je te vois calme, tranquille comme à l’ordinaire ! Fumer et manger sont tes seules préoccupations !
Que répondre ! Me taire et traiter la question par le mépris … Mon mutisme a eu l’air de signer ma culpabilité. C’est bien connu, « qui ne dit mot, consent. »
Hors d’elle, elle a repris :
— Enfin que comptes-tu faire ? Tu vois bien que nous devons partir, rejoindre nos petites ! Je vais mourir de ne rien savoir d’elles. Nous recevions régulièrement deux lettres par semaine…
Aussi malheureux que mon épouse, je me suis contenté d’expliquer posément :
— Hermine, mon devoir quoiqu’il arrive, est de rester à mon poste et dès que possible d’acheminer le courrier.
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