Eith-Paris Roland nom d’auteur R. de Reula dont première parution de poèmes au printemps 2019 aux Editions Baudelaire sous le nom de « Voyage en Absurdie-La déchirure ».

18/03/2020 – REP – à Virginie

Elle m’avait dit, « en cas de besoin,
Faites appel, à moi, pour soins ! »
« Connard virus »* s’est présenté
Et nous voilà tous confinés.
Il me fallait attestation,
Pour mes sorties, papier, mentions,
Soit imprimées, soit manuscrites
Et tout cela extrêmement vite.

J’ai vite brassé toutes les options.
Elles n’étaient pas là à foison.
Qui contacter et comment faire ?
C’était dev’nu une sombre affaire.
Quand j’ai songé à cette voisine,
Personne charmante, sensible et fine.
Dois-je prendre le risque d’un court contact ?
Avec distance, avec tact ?

J’ai fait le pas, franchi pallier,
Pris le couloir et l’escalier.
Et là miracle, il y a sonnette
Pour avertir, donner l’alerte.
Au second coup, la porte s’ouvre
Et ma voisine alors découvre.
Je lui dis « help ! », explique mon cas.
Mais le problème est délicat…

Pas d’imprimante, pas de papier.
Quelle solution, là sur pallier ?
J’allais partir et m’excuser
Du dérangement en cette journée.
Elle réfléchit toujours sourire,
Trouve une idée, fini par dire,
« Je crois papier je trouverai
Et les formules vous écrirai !

Après-midi apporterai,
Fameux sésames, laissez-passer.
Dans la soirée, la mélodie
De la sonnette, nouvelles, me dit.
C’est à ma porte, ma bonne fée
Avec bloc note et travail fait;
Il suffit juste de compléter,
Quelques rubriques à annoter.

Elle a déjà pour une semaine,
Rempli les feuilles, écrites d’elle-même.
Je reste ému à l’attention
En remerciant, seule façon,
Pour exprimer reconnaissance.
Elle me sourit, met en confiance,
Et s’en repart au confinement.
C’était un ange en ce moment.

J’ai cru écrire cette aventure
Dans ces instants de vie si dure.
Je veux qu’il reste une trace écrite,
De cette histoire, toute inédite.
Ces quelques vers pour dire merci,
Ces quelques strophes encrées ici
Et puis des rimes pour mélodie,
Jouer un air, chanter la vie.

***

* « Covid-19-SARS-CoV-2 »
Roland

20/03/2020 – REP – Covid-19

Connard Virus

Il est parti, il se promène.
Une invasion dans nos domaines.
On nous a dit qu’il est chinois,
Que continents, met en émoi.
Il tue, infecte sur son passage
Les foules nombreuses, les gens moins sages.
Certains pays ont bonnes mesures,
Dans certains autres, elles sont moins sûres.

Une des premières, le confinement.
Le leitmotiv que l’on entend.
On manque de lits, on manque de masques,
On prend des risques dans cette bourrasque.
Les morts affluent. Mais dans les rues,
L’on voit encore, certaines cohues.
Que faut-il faire dans cette bataille
Qui libertés partout entaille ?

Juste « confinés », nous a-t-on dit !
Pour 14 jours depuis mardi.
Partout l’on voit encore du monde,
En abondance faire ses rondes.
Si confiné veut dire reclus,
Relégué, enfermé, exclu,
Alors pourquoi ne pas comprendre ?
D’autres pays aussi apprendre ?

Ne serions-nous pas mieux confits ?
Bien conservés, mis à l’abri ?
Bien pénétrés de dévotion,
Pour mieux combattre propagation ?
Je livre ici ce qu’un ami
Ce jour m’a dit, bien enjoué :
« Le confiné qui a cessé
D’être peut-être, un con fini ! »

Connard virus a de beaux jours
A vivre encore en liberté
Si la « connerie » n’a pas cessée
Dans nos cités et alentours.
Pour les soldats qu’on dit du feu,
Ayons du coeur, reconnaissance;
Disons merci pour leurs présences.
Que ferions-nous sinon sans eux ?

Quand les chinois viennent à notre aide
Nous apporter services entre aide,
Soyons assez, modeste pour voir,
Puis écouter et enfin croire.
Juste la rigueur est notre soeur
Pour que demain revoit bonheur.
« Le con fini » doit faire amende
De l’inconscience ! Des vies attendent.

***

01/03/2020 – REP –

Jour de printemps

C’est le vingt mars, c’est printemps.
Un peu de vent, soleil, beau temps.
Oui mais voilà, c’est confinement,
On nous enlève ce bon moment.
Dehors partout déjà pâquerettes
Narcisses, jonquilles, violettes
Ont revêtus plus belles parures
Pour embellir dame nature.

Jour équinoxe, la nuit, le jour
Viennent de faire, union d’amour.
Tels tourtereaux dans la futaie
Ou passereaux dans une haie.
Partout aubades, concerts et chants
Pour bien fêter l’événement.
Bergeronnettes donnent du corps
Lors que ramiers sonnent le cor.

Une main céleste repeint le bois,
Lorsque pollens déjà poudroient.
Prunus, fruitiers mettent couleurs
Sur leurs ramures en cet honneur.
Dehors le calme offre vertu;
Enfin l’humain ce jour, s’est tu.
Qu’il s’en souvienne après l’épreuve,
Car ce silence en donne la preuve.

C’est le printemps, nature assure
Et sans l’humain c’est mieux pour sûr.
C’est sans moteurs, enchantement
Et sans avions, travaux puissants.
C’est même sans cris et hurlements
Et c’est printemps plus reposant.
Donnons mémoire à ces instants
Pour que futur soit moins pesant.

***

21/03/2020 – REP – Coronavirus

En cellule

Nous voilà en cellule !
Pas le diable, pas la lune;
Le temps d’une infortune,
Le vol d’une libellule.
Dans une prison dorée,
Dans une cage abhorrée.

Il nous a enfermé
Quand lui aime voyager.
Nous sommes engrillagés
Et restons désarmés.
On se met tous un masque,
Mais pas un loup fantasque.

Aurons-nous les menottes ?
La rage à nos quenottes ?
Un être étrange nous brime,
Dans nos demeures confine;
Et sa terreur peaufine
Quand il ne tue en prime.

Nous ne sommes pas en ordre,
Sur ça tout l’ monde s’accorde.
Ni alvéoles remplies
D’un nectar nourricier.
Reclus circonstanciés,
En position repli.

Voilà qu’on a du temps
Aux premiers jours printemps.
Tiens ! Un papillon blanc
A la fenêtre attend !
Puis en virevoltant
S’en repart dans l’instant.

Tiens ! Une canne et son col-vert
Picorent quelques brins verts.
Par le carreau en verre,
Je les regarde faire.
C’la pourrait être travers,
S’il y’ avait commentaires.

Dans ma cellule y’ a pas
Barreaux d’acier ou bois;
En plus c’est sous mon toit
Que je fais les mille pas.
Je ronge mon frein enfin,
A ce repos contraint.

Cellule emporte-moi !
Au-delà de mon toit,
Dans des pays lointains
Où le rêve est certain.
J’en ai tellement besoin
En ces jours assassins.
Qui a pensé cachot
Prison, geôle, taule, trou, bagne ?
Or ce n’est pas montagne
Mais juste quelques temps chauds,
Dans l’attente du réveil,
De frénésies qui veillent.

***

21/03/2020 – REP

Bleu, blanc le ciel de Provence…

Le ciel est bleu, soleil radieux
Je suis envieux, c’est merveilleux.
Je suis confit et déconfit,
On nous a pris l’air du midi.
Dehors j’entends le goéland,
La mouette hurlant, le merle chantant.
Nous sommes samedi, le paradis !
Quand on nous dit, y a plus d’ sorties !

A l’horizon, quelques moutons
Caressent les flots, c’est rigolo !
La mer est calme, sans trémolos;
Bateaux à quai et aux pontons.
Une pâquerette me fait risette,
Sur collerette, clignant mirette.
Deux tourtereaux picorent brindilles
Qui sur pelouse doucement brandillent.

L’humanité semble arrêtée,
Doit-on douter, féliciter ?
C’est une nation sans pollution;
Magique potion ou décoction ?
Gardons recette pour notre dette
Envers nature et pour futur.
Blanc, bleu rest’ra le ciel
De la Provence providentielle.

Chantez belles dames, sirènes du port;
Dansez sylphides, muses de nos bois;
La biche sans larmes est sans abois;
Chez les palombes, y a plus d’ morts.
Là sur le lac, poules d’eau, canards
Vont prendre un verre au pub, au bar.
Une reinette est à la fête.
Dans sa maison, l’homme s’embête.

***

22/03/2020 – REP – Coronavirus-Covid-19

J’ai vu…

J’ai vu …, gens dans la rue,
J’ai vu, gens discutant,
J’ai vu des jeunes ensembles,
J’ai vu se promener
Des gens non concernés,
Sur chantier rassemblés.

J’ai entendu …, moquer
Les règles strictes données.
Que ce n’est pas vertu
D’écouter les soignants.
Croire qu’on peut dans la rue
Aller se promenant.

J’ai vu chiffres alarmants,
Donnés sur les écrans.
J’ai vu nombre montant
Des listes de mourants.
J’ai vu des gens soignants,
Des reportages parlants.

J’ai entendu l’appel
De choses qui interpellent.
J’ai entendu toutes celles,
Tous ceux comme moi bordel,
Qui crient qu’on est mortels,
Sortir est criminel.

Nous sommes en déficience
D’outils pour la défense.
La guerre on nous annonce
Chaque jour en permanence.
Des incrédules en France,
Transgressent en évidence.

La loi des cons finis
A semble-t-il bonne vie.
On fait selon l’envie !
A confiné, on rit,
On répand son mépris.
Il mourra seul sur lit !

***

22/03/2020 – REP – à Betty

Déprime

Toi qui m’annonces déprime,
Que confinement t’abîme,
J’aim’rais pouvoir te dire,
Aussi te soutenir
A franchir cette étape,
En dépasser le cap.

Il existe des remèdes,
Des instants d’intermèdes.
Tes animaux sont là,
A peine à quelques pas.
Des fleurs te font clins d’oeil,
Dehors chante le bouvreuil.

Il y a tant d’espoirs
Dans toutes ces vies à voir;
Il y a tant d’ beautés
A découvrir, noter,
Dans simples petits détails
Qu’ensembles, ils sont de taille.

Laisse donc filer déprime,
Morosité et primes.
Regarde là-bas, ces rêves
Qui t’offriront leur trêve.
Il y a tant d’étoiles
Qu’elles tissent au ciel une toile.

Rassemble tes souvenirs !
Ils vont tous revenir
Pour t’emporter au loin
Vers de merveilleux coins.
Ils sont printemps, étés
Qu’il faut revisiter.

Tu m’as lancé un pont,
Jeté à mer ponton
Pour accoster plus tard
A un îlot fêtard.
Je me réserve cette date,
Fais qu’elle arrive en hâte.

Laisse donc fleurir au coeur
Ce printemps de malheur;
Il y germ’ra bonheurs.
Même s’il est noir pour l’heure,
Il cache des couleurs
Qui soigneront ton coeur.

***

Eith-Paris Roland nom d’auteur R. de Reula dont première parution de poèmes au printemps 2019 aux Editions Baudelaire sous le nom de « Voyage en Absurdie-La déchirure ».